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Connaissez vous le col des Marches ? il se situe dans la vallée de la Maurienne, "ma" vallée, et permet de passer de la vallée de Valmeinier à celle où se niche le lac de Bissorte. 8h - samedi matin : les skis sont prêts, les peaux de phoques collées, les sacs bouclés. Nous partons pour le col. Le temps est froid, sec, lumineux : une belle journée en perspective. La grimpette commence sur une piste de ski, fermée encore à cette heure. Les doigts sont un peu gelés dans les gants mais l'effort est payant : l'onglée disparait peu à peu. Il faut partir doucement, ne pas s'essouffler, se mettre "en jambe", prendre la cadence lente et régulière si familière aux montagnards. L'un derrière l'autre, nous commençons la grimpette : pas question de faire la conversation : ça coupe le souffle - le silence est propice à la méditation... Nous nous arrêtons de temps à autre pour vérifier l'itinéraire sur la carte : dans cette immensité blanche, il faut choisir la bonne direction ; ne pas se tromper de vallon, ni se retrouver au-dessus d'une barre rocheuse, ou au-dessous d'une pente avalancheuse. Il faut aussi, de temps à autre, grignoter pour éviter la fringale qui "coupe les pattes" et boire, surtout boire pour ne pas se déshydrater. Au bout d'une demi-heure environ, nous avons abandonné la piste pour grimper à travers quelques mamelons recouverts de blanc, pour rejoindre le lit d'un torrent qui descend du col. Nous remontons ce torrent, lentement toujours - l'effort se fait sentir, le souffle devient plus court quand la dénivelée s'accentue. En face de moi : une pente relevée, à franchir ... je vois le col, là-haut, tout là-haut... Misère, qu'il est loin encore !!! Et cette pente à escalader en zig-zag, en faisant des conversions pour repartir dans l'autre sens, et ainsi jusqu'à la croupe finale. Je prends la tête pour faire la trace : personne n'est passé avant nous : il nous faut faire notre trace dans la neige vierge - heureusement, elle est bien douce aujourd'hui et la progression, si elle est fatiguante, reste quand-même aisée. Allez : encore une conversion et le sommet de la butte est là, tout proche - on a dit qu'on s'arrêterait pour boire... Je transpire, j'ai la gorge sèche et le souffle court... mais il faut tenir jusqu'en haut de cette fichue pente ! La montée est propice à la méditation : il n'y a pas de danger, le pas régulier et lent laisse l'esprit libre de vagabonder.. Un dernier effort et ça y est : une gorgée de coca cola pour donner du punch, quelques fruits secs pour la fringale et on repart : le col, même s'il s'est rapproché, est encore loin là-haut : encore une heure au moins... Et sous les cols, il y a toujours une pente raide à franchir, avant le moment sublime où l'on débouche, entre terre, neige et ciel ! Mais la dernière pente est un peu moins raide que prévu et, après 4 heures d'effort, voilà la croix qui marque le col des Marches. Les montagnes qui bordent la vallée de la Maurienne, les alpes italiennes, les sommets du parc de la Vanoise : comment tout vous décrire ? et ce bleu au-dessus de nos têtes : profond à l'Est, plus clair à l'Ouest - il n'y a qu'en montagne qu'on trouve cette lumière... A nos pieds, de l'autre côté, le grand lac de Bissorte, avec son barrage, entièrement recouvert de neige encore à cette époque de l' |
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C'était le soir, le foehn soufflait encore dans ma vallée - vous savez : ce vent chaud qui exacerbe les passions, qui énerve les sensibilités, ce vent qui souffle sur les frontières suisse et italienne Le ciel était bien couvert, la pluie allait tomber, il faisait déjà un peu sombre. Quand le foehn souffle, dans ma vallée, l'air est pur, les couleurs sont éclatantes, les montagnes découpées au cutter sur le ciel : c'est magique... Il m'a dit : on va se promener au Glandon ? Nous y sommes arrivés, vers 18h30, il pleuvait, les nuages étaient accrochés aux montagnes et la nuit tombait. Nous sommes partis à pied, sur la route, emmitoufflés dans nos anoraks, main dans la main. La nuit tombait doucement et nous marchions, sur la route, au col du Glandon ! Promenade incongrue à cette heure, dans ce lieu, par ce temps !!! Nous étions seuls, bien évidemment - si ce n'est l'amour revenu qui nous enveloppait de nouveau, après les grands tourments. Promenade incongrue, moments étranges... On voudrait arrêter le temps, oublier les tourments, garder le bonheur - Nous sommes rentrés à la nuit noire, mouillés mais heureux. Moments étranges, amour tempête Ce soir je ne garderai que la tendresse....
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Roche Jaille Récit de D 10h : coup d'oeil sur la carte, au chaud à l'intérieur de la voiture, pour voir le cheminement de notre randonnée d'aujourd'hui : Roche Jaille. Des militaires arrivés avant nous commencent à chausser - un randonneur solitaire revient déjà : - "c'est comment ?" - "Crouté !" Ces propos ne sont pas enthousiasmants, pas du tout ! Ca inspire plutôt la galère pour la descente ! Tant pis, j'ai bon espoir de trouver encore de la poudre, vu l'orientation de la ballade et le froid qu'il fait. Nous attaquons par un petit chemin, dans les bois, parfois un peu raide. Vu que nous avons le rhume tous les 2, nos quintes de toux doivent réveiller les oiseaux encore endormis ! J’espère que le bon air pur de la montagne coupera court au nez qui coule et à la gorge qui racle... Ah ! Une intersection : quel est le bon chemin ? Une pancarte vieillotte en bois indique : "Chalets de la Buffaz" - "On y passe " clame Lanserlia. J'aimerais bien ressortir la carte pour le confirmer mais mon esprit me dit de lui faire confiance. Ah, c'est dur de se séparer d'une éducation machiste ! Que voulez-vous, c'est dans les gènes... Alors, allons-y ! 30 minutes plus tard, nous sortons de la forêt et, sur un plateau à découvert, nous arrivons comme prévu aux chalets. La femme a toujours raison ! Une fois de plus, dirait-elle !! En tout cas, nous sommes sur le bon chemin, les militaires sont un peu plus haut, en train de nous faire une belle trace. Le panorama est assez beau et, comme tout alpiniste regardant l’horizon, nous essayons de mettre un nom aux montagnes qui nous entourent. Ce sont des sommets que l’on a fait, ou que l’on rêve de faire, que l’on fera peut-être un jour ou que l’on ne fera jamais… Certains réveillent des souvenirs. Il n’y a pas de bruit, le ciel est d’un bleu éclatant, aucun nuage à l’horizon. Là-bas, vers un col, des randonneurs montent… Après un peu de thé chaud et quelques raisins secs, nous repartons. Nous reprenons le pas lent, régulier, répétitif, machinal, du randonneur en peaux de phoque, l’alternance des jambes et des bras. Parfois une conversion vient couper le geste, pour repartir dans l’autre sens. Plus on s’élève, plus le panorama s’agrandit. Sur la droite, une énorme avalanche… Récit de D et Lanserlia Sa présence nous surprend. Aucun signe ne laissait présager un danger en ce lieu et nous rappelle qu’il n’y a pas de certitude en montagne. N’oublions pas de rester humbles devant la Nature… Nous montons, nous montons, dans les pas des militaires, serpentant entre les croupes de la montagne. Après 3 heures d’efforts, nous débouchons sur un large replat. Ici, surprise ! la neige, poudreuse jusqu’ici, devient croûtée, sculptée en vaguelettes par le vent des cimes. La fatigue de nos rhumes respectifs nous rattrape : le sommet n’est pas encore visible, d’ici, et une belle pente se dresse devant nous… Nous n’aurons pas le courage de continuer. Nous posons les sacs et « attaquons » le saucisson au soleil, assis sur une pierre plate, face au Grand Perron des Encombres et à la Pointe de la Masse. Il est bon, le saucisson, ici !!! Vient l’heure de la descente. Après avoir enlevé les peaux et serrer les chaussures, à nous la pof et la godille… et les cailloux qui affleurent parfois ou sont cachés sous la neige ! La consistance de la neige n’est pas uniforme. Un des plaisirs du ski de randonnée consiste à rechercher, selon les aspects de la couche de neige, les endroits les plus agréables pour descendre. Ici, pas de dameuse pour lisser et rend |
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Mercredi.... Il avait neigé la veille. Le temps était gris, brumeux : les montagnes disparaissaient dans la grisaille hivernale. Parfois pourtant il y avait quelques petites éclaircies. Il n'en fallait pas plus pour partir : direction le col du Glandon. La route n'est plus déneigée, au-delà du village de St Colomban des Villards. Nous avons chaussé là les skis de randonnée et nous sommes partis sur la route, en direction du col. Nous étions les premiers ; personne, pas un bruit, même pas un chant d'oiseau : il floconnait légèrement, les oiseaux étaient à l'abri dans les arbres. De temps à autre, un semblant de soleil nous parvenait, entre 2 nuées blanches. Il fallait faire la trace dans cette épaisseur scintillante : 30 cm de neige légère, crissante sous les skis. Devant nous, la vallée des Villards, déserte, silencieuse, entourée de ses montagnes familières. Au début, nous avançons entre les arbres et arbustes qui bordent la route : couverts de neige, ils courbaient leurs branches vers nous et nous faisaient une haie en dentelle blanche ; étions nous au pays des Trolls ? le féérie du moment, l'imagination qui se met à galoper et voila que l'on se surprend à guetter les petits lutins derrière les branches des noisetiers et des sapins.... Nous marchons ainsi pendant quelques heures, savourant le silence, le craquement de la neige sous les skis, le glissement des peaux de phoques sur ce blanc manteau. Les flocons de neige virevoltaient autour de nous, comme pour nous accompagner dans notre progression. Nous nous arrêtons souvent pour savourer le paysage : les nuages qui filochent entre les rochers, le blanc manteau étalé devant nous, un rayon de soleil pâle... Après les arbres, les alpages s'étendent, immaculés devant nous ; la neige est plus profonde, la progression plus fatigante. Après quelques heures, il faut penser à la descente - demi-tour : maintenant, nous avons le col de la Madeleine devant nous ; nous ne verrons pas le Mont Blanc qui le domine car le ciel est bien bas. La neige est trop épaisse et la pente pas assez accentuée pour descendre à travers champs : nous reprenons nos traces de montée et nous laissons glisser doucement - les flocons, plus serrés nous picotent les yeux, un délice ! Nous verrons quelques chamois, sous un rocher dominant la vallée et quelques oiseaux dans un bosquet enneigé - toute la journée nous avons été seuls au monde : toute cette grandeur blanche rien que pour nous, tout ce calme et ce silence pour nos esprits agités, la majesté des montagnes caressées par les nuages pour nos yeux fatigués. La montagne nous a encore donné de beaux moments de vie Mercredi soir, nous étions heureux.
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Soudain, derrière nous : la lune ! mon amie la lune, ronde, grosse, pleine, en cette période. L’apothéose de la journée : la pleine lune ! Elle s’est levée derrière nous, sans crier gare, pour nous faire une surprise… Nous nous arrêtons pour la saluer. De toute façon, nous n’échapperons pas à la nuit ! Elle est ronde, la lune, toute belle et lumineuse. Nous éteignons les lampes, pour ne pas la vexer : sa clarté guide nos pas, nos ombres se détachent sur la neige, les montagnes se découpent sur le ciel, les étoiles s’allument. Après la magie du soleil couchant, voilà la grande émotion de la pleine lune, ce mystère qui fascinait et inquiétait tant nos lointains ancêtres ! Encore une fois, comment vous décrire l’indescriptible ? Une immensité blanche, entourée de montagnes noires, 2 ombres qui marchent dans la neige, le ciel éclairé par une grosse boule blafarde qui veille sur eux, le vent froid de cette nuit de cristal qui leur pique les joues… La piste remonte, remonte… sans fin… la marche devient de plus en plus pénible… Revoilà le refuge du Plan du Lac. Encore un effort et la montée s’arrêtera, là-bas, bientôt, très bientôt…. Nous voilà enfin au point haut de la route. La voiture nous attend sur le parking : point gris tout petit, tout seul sur ce grand espace gelé. Un dernier effort, un dernier clin d’œil à la lune et c’est le retour dans la vallée, vers la civilisation.
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Blog mis à jour le 01/12/2023 à 01:24:22
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