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L’heure tourne, la nuit tombe vite en cette saison. Il nous faut bien revenir « sur terre » et penser au retour. Déjà le soleil se cache derrière la barrière rocheuse, en face de nous, donnant le signal du départ. 15 heures : il est temps. A l’aller, nous sommes descendus la plupart du temps et maintenant, logique oblige, il va falloir monter le chemin du retour… Un dernier regard au refuge qui retrouve sa solitude hivernale et nous reprenons nos traces en sens inverse. Revoilà nos chamois, à peu près aux mêmes endroits, ou se détachant sur la ligne de crête, toujours aussi peu affolés par notre présence… L’ombre monte vite dans le vallon de la Rocheure : eux restent au soleil sur le versant sud. La progression est aussi lente qu’à l’aller : les mêmes plaques de glace puis, une fois la piste retrouvée, les mêmes congères de neige poudreuse, en montée cette fois… L’ombre remonte le long du versant, le crépuscule s’installe et, avec lui, la magie du soleil couchant. Tout est dans l’ombre, dans le vallon. Par contre, les rochers étincellent, puis, petit à petit, deviennent rouges. Dans le ciel d’un bleu de vitrail, quelques traînées nuageuses flamboient vers l’ouest. La grande fête du soir a commencé pour nous, rien que pour nous ! Plus l’ombre remonte le long des prés et des murailles, plus les rochers brûlent, le bleu du ciel se fonce, devient pur comme le diamant, les nuées flambent de mille nuances de rouge. Un chamois se dessine sur la ligne de crête en face de nous ; où va-t-il ? communion de la nature et de l’animal aux sabots agiles… La nuit nous rattrape et nous enveloppe. Le retour est pénible : la neige poudreuse, la montée, la fatigue… ne pas regarder trop loin devant, le chemin qu’il reste à faire, ne pas regarder la montre, le temps qu’il reste à marcher… Un pas devant l’autre, dans les traces, régulièrement, sans à-coups. Revoilà la chapelle St Barthélémy : d’ici, il reste 1h½ de marche… Un pas devant l’autre… Et le tendon ? s’il lâchait ici ? loin de tout, dans la nuit ? Ne pas y penser… Allez ! on continue, un pas, un autre… Maintenant la nuit est tombée, le vent souffle faiblement mais il est glacé. Les montagnes se sont éteintes, les nuages aussi, les chamois ont disparu dans l’ombre. Nous voilà vraiment seuls, la lampe frontale éclaire nos traces. Soudain….
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| Impression : Extraordinaire
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Le refuge de la Femma C’était un mardi au bureau. Un mardi, encore une fois ! Il est entré, avec son sourire en coin et son regard pétillant que je connais si bien ! « Jeudi, la météo annonce grand beau temps… » Nul besoin d’en dire plus : j’avais « capté » le message… J’ai demandé mon jour de congé et nous nous sommes retrouvés, jeudi matin, au début d’une belle journée prometteuse… Nous avons remonté la vallée de la Maurienne, puis une partie de la Haute Maurienne, jusqu’à Termignon. Là, nous abandonnons la route nationale qui continue vers les stations de ski et l’Italie pour nous enfoncer dans le vallon de Bellecombe. La route serpente à flan de montagne, à l’ombre. Des plaques de neige apparaissent et l’inquiétude avec : nous avons au moins 10 kilomètres à faire encore ; pourrons-nous atteindre le parking si la neige recouvre la route ? Chacun de nous reste silencieux sur ses pensées et attentif à la route : quelques glissades, quelques dérapages, même un patinage qui nous oblige à reculer et reprendre de l’élan sur une portion de goudron pour passer en force une petite congère… Et puis la route contourne un vallon, quitte l’ubac pour continuer sur le versant au soleil : presque plus de neige, on respire ! Voilà le parking, immense, plein de vide, de soleil, de solitude, de promesse de belle journée ! Le parc de la Vanoise dans toute sa grandiose splendeur nous attend. Nous sommes seuls au monde : personne, pas un oiseau, pas un bruit, pas un humain. Nous sommes presque toujours seuls, dans nos virées… Le parking se situe à 2307 m d’altitude. A gauche, une grande barrière rocheuse ; à droite, un vallon dominé par le grand Roc Noir et un col cher à mon cœur : le col de Lanserlia ; en face de nous, la petite route qui s’enfonce dans la vallée, en direction du vallon de la Rocheure et du refuge de la Femma, but de notre promenade. Tout autour de nous, la neige recouvre à peine l’herbe rase et les cailloux. Nous avons bien fait de ne pas prendre les skis de randonnée… Il fait beau mais l’air est vif à cette altitude. 10 heures : les chaussures de montagne aux pieds, les gants aux mains, le sac sur le dos, départ vers la Femma. Le médecin m’avait dit de refaire une promenade en montagne, histoire de voir comment allait se comporter mon fichu tendon ! mais quelque chose de « tranquille », pour ne pas trop solliciter le rebelle Achille ! Donc, Il avait choisi cette destination car peu de dénivelée, itinéraire en grande partie sur une route, donc pas de risques. Cette route dessert les chalets d’alpage ; interdite à la circulation, elle est goudronnée au début, se transforme en piste forestière ensuite et s’enfonce loin dans le vallon de la Rocheure. En été, c’est un itinéraire agréable, peu accidenté et accessible aux personnes n’ayant pas un niveau sportif élevé. Mais nous ne sommes pas en été ! nous sommes fin novembre, la neige recouvre en grande partie cette route et il fait frisquet ! ! Elle forme des dunes, la neige, au hasard des tourbillons du vent ; elle est poudreuse car il fait froid ici, la nuit surtout, et marcher dedans n’est pas aisé. Imaginez que vous marchez sur la dune du Pilat ou sur le sable meuble d’une plage et vous aurez une idée de ce que cela donne… s |
| Impression : Extraordinaire
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C'était un mardi de février, au bureau. Il neigeait sur les montagnes. Il est venu me voir : - "La météo annonce une belle journée, jeudi. Avec ce qui tombe, on va se régaler, au ski ! qu'en penses-tu ?" Ce que j'en pensais ? J'en avais des fourmis sous les pieds, à l'idée de glisser dans la "pof" (neige poudreuse...) ! Le temps de demander un jour de congé, de mettre le matériel dans la voiture, d'enfiler l'anorak et nous voila à pied d'oeuvre sur les pistes, jeudi matin à 9h. La "pof" était au rendez-vous ! un tapis crissant de douceur et de blancheur. Un manteau blanc immaculé sur lequel les skis glissaient en soulevant des arc-en-ciel. Le soleil riait de notre bonheur et nous on riait de gratitude pour son rayonnement divin ! Les montagnes étincelaient sur un ciel de cristal et nous allions d'une pente douce à une combe abrupte, d'un adret ensoleillé à un ubac ombragé où la neige bleutée scintillait de mille feux dans l'air froid de l'hiver. Il y eut bien un passage un peu scabreux dans les noisetiers, la traversée imprévue et délicate d'un ruisseau... mais toujours ce plaisir intense et ce sentiment profond de liberté. En fin de journée, les muscles étaient noués par l'effort, les genoux douloureux, le corps épuisé, mais nous avions vécu une journée de vrai bonheur, de vraie vie... |
| Impression : Extraordinaire
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Blog mis à jour le 21/03/2023 à 08:20:15
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