L’aube estompe le graphite de la nuit, En sanguines nuées d’un soleil levant Sur l’étoile trop blanche de ma nuit. Matinale, que passe t’elle sous le vent Par cette bise, art de l’aléatoire. Si pâles êtes vous mes songes, Sous les traits du gras crayon noir Fuse incolore l’essuie de l’éponge. Glissant sous le pin, sot, je rêve Que le cheval est près de moi, Porté par aile, je m’élève, je m’élève Jusqu’aux nues de tant d’émois Laisser l’ébauche choir, la relever, Reprendre gouaches, craies et grattoirs. A quoi relier tous ces songes et pensées A l’après, à l’avant, mais quel foutoir ! Coule heurs, sur le grain de la toile, Donnant aspérités et relief à la vie, Brosses et spatules glissant un voile Pudique sur l’espoir de mes envies. Laisse le destin, ce peintre éclectique, En arabesques de couleurs dégradées Composer ce petit tableau si atypique, Qu’au dernier jour tu pourras regarder, En souriant, pas fier, mais heureux De laisser en héritage à tes enfants, Avant de te laisser coucher silencieux, Ce parcours de vie, qui t’as fait vivant.
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