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N°Annonce

Mot de passe

Garder en mémoire




Ouf, c'est fini
voici venir la pluie
la grosse chaleur de cette nuit
à Paris
c'est fini...

Ouf, c'est fini
les oraux du Capès pour Fanny
le stress, la tension,
l'estomac noué
les machoires serrées
envolées toutes ces émotions...

Ouf, c'est fini
l'attente sur un banc
sous le soleil blanc
et la chaleur de Paris

J'ai retrouvé ma Savoie
il y faisait chaud aussi
mais maintenant c'est la pluie
et on oublie...

Ouf, c'est fini...

Connaissez vous le col des Marches ?

il se situe dans la vallée de la Maurienne, "ma" vallée, et permet de passer de la vallée de Valmeinier à celle où se niche le lac de Bissorte.

8h - samedi matin : les skis sont prêts, les peaux de phoques collées, les sacs bouclés. Nous partons pour le col.
Le temps est froid, sec, lumineux : une belle journée en perspective.

La grimpette commence sur une piste de ski, fermée encore à cette heure. Les doigts sont un peu gelés dans les gants mais l'effort est payant : l'onglée disparait peu à peu.

Il faut partir doucement, ne pas s'essouffler, se mettre "en jambe", prendre la cadence lente et régulière si familière aux montagnards.

L'un derrière l'autre, nous commençons la grimpette : pas question de faire la conversation : ça coupe le souffle - le silence est propice à la méditation...

Nous nous arrêtons de temps à autre pour vérifier l'itinéraire sur la carte : dans cette immensité blanche, il faut choisir la bonne direction ; ne pas se tromper de vallon, ni se retrouver au-dessus d'une barre rocheuse, ou au-dessous d'une pente avalancheuse.

Il faut aussi, de temps à autre, grignoter pour éviter la fringale qui "coupe les pattes" et boire, surtout boire pour ne pas se déshydrater.

Au bout d'une demi-heure environ, nous avons abandonné la piste pour grimper à travers quelques mamelons recouverts de blanc, pour rejoindre le lit d'un torrent qui descend du col.

Nous remontons ce torrent, lentement toujours - l'effort se fait sentir, le souffle devient plus court quand la dénivelée s'accentue.
En face de moi : une pente relevée, à franchir ... je vois le col, là-haut, tout là-haut... Misère, qu'il est loin encore !!!
Et cette pente à escalader en zig-zag, en faisant des conversions pour repartir dans l'autre sens, et ainsi jusqu'à la croupe finale.
Je prends la tête pour faire la trace : personne n'est passé avant nous : il nous faut faire notre trace dans la neige vierge - heureusement, elle est bien douce aujourd'hui et la progression, si elle est fatiguante, reste quand-même aisée.
Allez : encore une conversion et le sommet de la butte est là, tout proche - on a dit qu'on s'arrêterait pour boire...
Je transpire, j'ai la gorge sèche et le souffle court... mais il faut tenir jusqu'en haut de cette fichue pente !

La montée est propice à la méditation : il n'y a pas de danger, le pas régulier et lent laisse l'esprit libre de vagabonder..

Un dernier effort et ça y est : une gorgée de coca cola pour donner du punch, quelques fruits secs pour la fringale et on repart : le col, même s'il s'est rapproché, est encore loin là-haut : encore une heure au moins...
Et sous les cols, il y a toujours une pente raide à franchir, avant le moment sublime où l'on débouche, entre terre, neige et ciel !

Mais la dernière pente est un peu moins raide que prévu et, après 4 heures d'effort, voilà la croix qui marque le col des Marches.

Les montagnes qui bordent la vallée de la Maurienne, les alpes italiennes, les sommets du parc de la Vanoise : comment tout vous décrire ? et ce bleu au-dessus de nos têtes : profond à l'Est, plus clair à l'Ouest - il n'y a qu'en montagne qu'on trouve cette lumière...

A nos pieds, de l'autre côté, le grand lac de Bissorte, avec son barrage, entièrement recouvert de neige encore à cette époque de l'

Noisette,
c'est une minette
une vraie, avec des moustaches, des poils,
des oreilles pointues
une queue touffue
une petite langue rose et rapeuse
quatre petites pattes joueuses

donc un joli petit animal

Quand je rentre du travail
elle m'attend au portail
et accompagne ma voiture dans l'allée
en sautillant d'allégresse

Je me penche vers elle pour la caresser
en miaulant, elle me tend les pattes
non ne riez pas, c'est vrai !
elle sait y faire, la scélérate !

Selon les situations,
elle module ses miaulements
elle sait me dire "j'ai faim"
"j'ai envie de jouer", "je veux un calin"
mais attention...
"ne me touche pas les pattes j'aime pas ça" !
"arrête de tripoter la graisse de mon ventre"
c'est vrai qu'elle n'est pas toujours tendre
et gronde quand quelque chose ne lui plait pas

mais quand je suis devant mon écran
sur mon bureau elle vient se coucher
roulée en boule ou étalée de tout son long
plus de place pour mes papiers !
elle arrive en miaulant
et faisant le dos rond

comment résister à sa tendresse
à ses frottements et ses caresses
à ses yeux verts
pleins de chaleur et de lumière

je n'ai jamais su résister
à la tendresse
mes enfants le savent bien
et Noisette aussi, que je ne suis que faiblesse

devant leur amour et leurs calins :
je ne pourrai jamais résister


la nuit doit etre noire et le jour blanc
s'il n'en est pas ainsi
tout le jour sera gris
pour moi aujourd'hui ce fut blanc
mais le blanc de la neige
dernière sortie de la saison
avant de ranger le matériel pour de bon
mon anorak rouge, mon pantalon beige

aujourd'hui c'était particulier
dernier jour ensemble avec D
il ne reviendra pas de sitot
au boulot
lundi, au lieu du café quotidien
ce sera une chambre d'hôpital
c'est pourquoi aujourd'hui c'était si bien
ce soir je n'ai plus le moral...

la nuit risque de ne pas etre noire
mais j'ai un très grand espoir
l'amour déplace les montagnes
parait-il
et meme s'il est fragile
dans nos coeurs il y a la "ragne"
pour gagner
et là-haut retourner

Il est parti cette nuit
terrassé par la maladie
C'était un ami de ma Fanny
Il avait 18 ans,
l'avenir devant lui
le sort a décidé autrement...

Fanny a tant de peine
elle a dit : "c'est pas juste"
très fort contre moi je l'ai serrée
pour essayer de la consoler
oui je sais : c'est pas juste
Dans mon coeur je sens monter la "haine"

Il avait 18 ans
ne fumait pas
ne buvait pas
croquait la vie à pleine dents
aimait la grimpe
Pourquoi est-il parti
c'est pas juste a dit Fanny

Elle a tant de chagrin...
Ils devaient tous aller le voir
aujourd'hui à l'hopital
pour lui gonfler le moral
ils n'auront pas eu le temps de le revoir
une dernière fois
c'est pas juste a-t-elle dit dans mes bras

Le ciel se couvre de nuages gris
même le temps s'assombrit
et pleure avec nous
je ne le connaissais pas
mais c'était un gars "bien"
il va terriblement leur manquer à tous
et Fanny a tant de chagrin....



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