Dans
quels cas le consentement du patient est-il obligatoire ? Par qui doit-il
être donné ?
Le principe :
L'article 16 - 3 alinéa 2 du Code civil dispose :
"Le consentement de l'intéressé doit être
recueilli préalablement hors le cas où son état
de santé rend nécessaire une intervention thérapeutique
à laquelle il n'est pas à même de consentir."
Les exceptions :
- l'urgence : Le médecin peut passer outre le défaut
de consentement du patient en cas d'urgence.
- L'appréciation de l'urgence est subjective et se fait
au cas par cas.
- Suivant la jurisprudence, il s'agit de la "nécessité
absolue de procéder à une intervention immédiate"
ou plus récemment d'un "danger immédiat"
pour le patient.
- les patients incapables :
Lorsque le patient est inconscient et ne peut pas exprimer son consentement,
le médecin peut intervenir sans accord formel ou bien le
contrat médical peut se conclure avec les "protecteurs
naturels", lorsque ce sont eux qui ont appelé le médecin.
En cas de conflit entre les "protecteurs naturels", il n'existe
pas de hiérarchie entre eux pour trancher. En ce cas, le
médecin doit s'adresser à ceux ou celui qui exprime
le meilleur attachement au malade. L'époux est souvent privilégié.
En cas de désaccord, le recours au juge est toutefois possible.
- les mineurs non émancipés :
- le principe :
Le mineur non émancipé ne peut pas consentir lui-même
à un acte médical.
L'accord d'un des parents suffit pour un acte médical
bénin.
Le consentement des deux parents (s'ils exercent tous deux l'autorité
parentale) est nécessaire pour les actes médicaux
graves.
Dans le cas où les deux parents doivent donner leur consentement
et seraient en désaccord, le juge aux affaires familiales
peut trancher le litige.
- les exceptions :
Dans certains cas, le consentement du mineur est nécessaire,
voire suffisant pour l'acte médical :
- La contraception :
La loi du 4 décembre 1994 prévoit que les jeunes
filles mineures peuvent se faire prescrire des produits contraceptifs
dans des centres de planification ou d'éducation familiale
agréés, ce sans l'intervention des parents.
- L'IVG :
Le consentement de la jeune femme mineure et de l'une des personnes
exerçant l'autorité parentale sont requis.
- Le prélèvement d'organes :
En principe, il est interdit de prélever des organes
sur les mineurs.
Exception : pour le prélèvement de moelle osseuse
au bénéfice du frère ou de la soeur du
mineur.
Dans ce cas, le consentement doit être donné par
chacun des titulaires de l'autorité parentale et le mineur.
- Les recherches biomédicales :
Le mineur doit donner son consentement.
On ne peut passer outre son refus ou la révocation de
son consentement.
- que faire en cas d'opposition des parents à l'acte
médical ?
Si les parents s'opposent à l'acte médical, le
juge des enfants peut être saisi et décider de
mesures d'assistance éducatives "si la santé,
la sécurité ou les conditions d'éducation
du mineur sont gravement compromises."
Deux conditions sont nécessaires :
- La carence des parents
- L'enfant doit être en danger.
- les incapables majeurs :
Il existe trois régimes de protection de l'incapable majeur
:
- la sauvegarde de justice :
Il peut conclure seul le contrat médical.
- la curatelle :
Il peut également conclure seul un acte médical.
- la tutelle :
L'article 495 du nouveau Code de procédure civile renvoie
aux règles applicables aux mineurs non émancipés,
mais au lieu de l'accord des personnes exerçant l'autorité
parentale, il s'agit de l'accord donné par le tuteur
pour les actes bénins et celui du conseil de famille
ou du juge des tutelles pour les actes graves.
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Comment s'exprime le consentement
donné ?
Le consentement peut être écrit ou verbal.
Il doit être libre et éclairé.
Quant à ce second aspect, il appartient au médecin
et/ou à l'établissement de soins de rapporter la preuve
de la bonne information (Cour de cassation 25/2/97). Cette preuve
est libre (Cour de cassation 14/10/97) mais en pratique l'écrit
est le moyen le plus évident de rapporter cette preuve.
Par suite, la charge de cette preuve a été restreinte
par un arrêt de la Cour de cassation du 27 mai 1998 aux "risques
graves des investigations ou soins."
Cliquez ici pour plus de précisions
sur l'obligation
d'information.
Pour certains actes médicaux, la loi impose un certain
formalisme :
- Le prélèvement d'organes sur des personnes vivantes
:
L'accord est formalisé devant le président du tribunal
de grande instance ou son délégué.
- La recherche biomédicale :
Le consentement doit être donné par écrit ou,
en cas d'impossibilité, attesté par un tiers totalement
indépendant de l'investigateur et du promoteur.
Exception : lorsque la recherche est à mettre en oeuvre "dans
des situations d'urgence qui ne permettent pas de recueillir le
consentement préalable de la personne qui y sera soumise.
"
- L'assistance médicale à la procréation :
Le consentement du couple doit être donné devant le
président du tribunal de grande instance ou son délégué,
ou devant notaire.
Quelles sont les conséquences
du défaut d'accord à un acte médical pour un
médecin ?
Le médecin encourt alors des sanctions pénales, civiles
et disciplinaires.
Cliquer ici pour plus de précisions
sur la responsabilité
médicale.
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