Peut-on
refuser de se soigner ? Quelles sont les limites du refus de soins ?
Le principe :
Oui, vous pouvez refuser de vous soigner : il s'agit d'un principe
fondamental du droit médical.
On ne peut pas en principe vous soigner sans votre
consentement.
Les limites :
La sécurité ou la santé publique : pour protéger
la sécurité ou la santé publique, la loi prévoit
dans certains cas un traitement obligatoire.
Exemples : hospitalisation d'office des personnes "dont les
troubles mentaux compromettent l'ordre public ou la sécurité
des personnes." (article L. 342 du Code de santé publique)
ou les détenus grévistes de la faim (article D. 390
du Code de procédure pénale).
L'urgence :
- L'urgence ne permet pas, en principe au médecin de forcer
le malade, lucide et conscient, à être soigné
si celui-ci, persiste dans son refus.
- Par contre, lorsque le malade est en état d'inconscience,
le médecin peut autoriser des soins forcés.
- Dans ce cas, si possible, il doit rechercher le consentement
de la famille.
- L'urgence a été définie de manière
assez souple par la Cour de cassation comme une nécessité
évidente, ou un danger immédiat pour le patient (Cour
de cassation 29 mai 1984 ; Cour de cassation 11 octobre 1988).
- De plus, deux décisions ont permis aux médecins
de passer outre un refus de soins lorsque le pronostic vital est
en jeu et qu'il n'existe pas d'alternative thérapeutique
(Cour administrative d'appel de Paris, 9 juin 1998).
Le refus de transfusion sanguine et l'urgence
- La Cour administrative d'appel de Paris a rendu le 9 juin 1998
deux décisions importantes en matière de refus de transfusion
sanguine et d'urgence. Ces décisions précisent les conditions
dans lesquelles l'urgence permet de passer outre l'absence de consentement
de l'intéressé :
- la vie de la personne doit être en jeu,
- il ne doit exister aucune alternative thérapeutique
et
- les actes accomplis doivent être indispensables à
la survie du patient et proportionnels à son état
- À ces conditions, l'urgence permet non seulement aux médecins
d'intervenir en l'absence d'un consentement préalable du patient,
mais elle leur permet aussi de prodiguer des soins en pleine connaissance
de la volonté préalablement exprimée par celui-ci
de les refuser pour quelque motif que ce soit.
- S'agissant de la première décision, le patient, témoin
de Jéhovah, hospitalisé le 2 janvier 1991, avait été
transfusé durant la période du 28 janvier au 6 février
1991, date de son décès, alors qu'il avait expressément
manifesté son refus de transfusion dans une lettre du 12 janvier
1991, dépourvue de toute ambiguïté et qui, versée
à son dossier médical, avait été portée
à la connaissance des médecins hospitaliers.
- S'agissant de la deuxième affaire, la patiente, également
un témoin de Jéhovah, avait dû subir en urgence
une intervention chirurgicale, en raison d'une importante et subite
hémorragie, opération au cours de laquelle elle fut
transfusée alors qu'elle avait exprimé par un écrit,
versé à son dossier, le refus de toute transfusion.
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Est-il prévu une forme spécifique
pour exprimer son refus de soins ?
- Non.
- Toutefois, il est préférable de prérédiger
un écrit.
- Dans le cadre hospitalier, l'hospitalisé doit rédiger
et signer un document attestant du refus de soins. À défaut,
il est dressé un procès-verbal de refus.
Quid du patient inconscient ?
- Le refus de soins peut être exprimé par ses représentants.
- En cas d'urgence, il peut être rappelé que le médecin
est autorisé à pratiquer des soins forcés.
Que doit faire le médecin en cas
de refus de soins ?
Le médecin doit s'incliner devant la volonté du malade.
Mais au préalable, il doit :
- l'informer de sa situation et des conséquences du refus
de soins.
- tenter de convaincre le malade de se faire soigner.
Existe-t-il des cas dans lesquels
le refus de soins peut être considéré comme abusif
et préjudiciable à l'égard d'autrui ?
Oui.
Exemples :
- si la victime d'un accident causé par autrui refuse les
soins et augmente ainsi superficielllemet le montant de ses dommages
et intérêts.
- en cas de refus de soins dans le cadre familial : impuissance,
stérilité ...
Que se passe-t-il si le médecin
passe outre le refus de soins ?
En ce cas, le médecin commet une faute professionnelle lui
faisant encourir des sanctions pénales, civiles et disciplinaires.
Cliquer ici pour plus de précisions sur la
responsabilité médicale.
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