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Exploration du désir sexuel chez quatre femmes dans une perspective féministe

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1.2 Les courants de pensée féministes

1.2.1 La variété des courants de pensée

Le champ des écrits féministes sur la situation des femmes est traversé par une multitude de courants de pensée. Un consensus minimal unirait ces différents courants de pensée. Déscarries-Bélanger et Roy croient que le consensus se maintiendrait autour de l'oppression des femmes, c'est-à-dire sur la croyance en l'inégalité dans les rapports de pouvoir et sur une tentative à expliquer comment et pourquoi perdurerait l'intériorisation, par les deux sexes, de l'idéologie sexiste.

Différentes auteures ont tenté de classifier les courants de pensée féministes. Sous l'angle de leurs affiliations ou de leurs affinités avec les grandes écoles contemporaines de pensée, Donovan les distingue ainsi: le marxisme, l'existentialisme, le structuralisme et le freudisme.

Jaggar et al., choisissant comme critère de classification les grandes orientations de la pensée occidentale, distinguent quatre principales options. Elles différencient le féminisme libéral ou bourgeois, le féminisme radical, le féminisme socialiste ou marxiste et le féminisme séparatiste ou nationaliste.

De leur côté, Déscarries-Bélanger et Roy visaient à démontrer par leur classification, la diversité et la complexité des débats qui auraient traversé et traverseraient encore le mouvement des femmes, et de les situer dans leur environnement théorique. Elles ont ainsi identifié six grands courants de pensée, soit celui du féminisme égalitaire, du féminisme radical, du féminisme de la fémelléité, du marxisme féministe, du néo-conservatisme féminin et du séparatisme lesbien. Le courant radical serait large et inclurait les tendances du féminisme radical matérialiste, du féminisme radical "de la spécificité" et du féminisme radical lesbien.

Selon Déscarries-Bélanger et Roy, le choix de l'interprétation conceptuelle de l'oppression et de la libération serait la source des différences existant entre les courants de pensée féministes. En effet, les grilles d'analyse, issues de ces courants de pensée, lors de l'étude d'une situation donnée varieraient selon l'interprétation de la cause de l'oppression et de la stratégie de libération. Déscarries-Bélanger et Roy soulignent, à travers leur classification des courants de pensée, des différences au niveau des postulats, des fondements sociaux, des enjeux théoriques, de l'objet d'analyse, des revendications et des stratégies.

La démarche de Déscarries-Bélanger et Roy se distinguerait des autres par la démonstration de l'interdépendance et de la continuité entre certains courants de pensée malgré leurs différences. Elles démontrent que les frontières et les limites ne seraient pas limpides entre les courants de pensée. De plus, les allégeances politiques et idéologiques, parfois claires, s'obscurciraient avec le temps à mesure que les prémisses se transformeraient et que les stratégies d'actions se modifieraient.

Déscarries-Bélanger et Roy considèrent qu'il est heureux que n'existe pas l'unanimité dans les théories et les formulations. Elles estiment que la multidisciplinarité et la multidimensionnalité des théories féministes retrancheraient toute perception normative du féminisme. Ceci illustre de plus, toute la complexité, les tâtonnements et la richesse de la contribution des femmes à l'élaboration d'une théorie explicative différente du fonctionnement de notre société et à celle d'un nouveau projet de société.

Sans nier que la multiplicité des courants de pensée au sein des écrits féministes nous éloignerait du danger d'un certain dogmatisme et éviterait un certain clivage, nous estimons que certaines balises mériteraient d'être identifiées. L'éventail des courants de pensée semble favoriser l'élaboration de grilles d'analyse très personnelles à chaque auteure et du même coup semble empêcher une vision scientifique, fortifiée de recherches l'appuyant, d'émerger et de se faire reconnaître. Il devient très difficile de développer une théorie scientifique poussée concernant une situation donnée en l'absence de balises minimales encadrant la perspective féministe.

Dans le cadre de notre étude, nous avons retenu la classification des courants de pensée féministes telle que le proposent Déscarries-Bélanger et Roy. Notre choix quant à cette classification se justifie par la démonstration de l'interdépendance et de la continuité entre certains courants de pensée qu'elle contiendrait. Considérant notre sujet d'étude, il s'avérait difficile d'établir une grille d'analyse féministe unique qui aurait été complète en elle-même. La classification proposée par Déscarries-Bélanger et Roy nous permettait le recours à plus d'un courant de pensée féministe afin d'étudier plus à fond le désir sexuel féminin.