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Exploration du désir sexuel chez quatre femmes dans une perspective féministe

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Le féminisme de la fémelléité

Le féminisme de la fémelléité est un courant de pensée qui est l'oeuvre de philosophes, de psychologues et de femmes de lettres. Il est représenté principalement par des auteures françaises. Il apporterait une analyse plus métaphorique que matérialiste ce qui l'amènerait à être âprement critiqué par les féministes américaines qui ne le jugeraient pas suffisamment revendicateur et n'ayant pas une grande portée politique.

Les tenantes de ce courant de pensée affirment que l'identité féminine n'existe pas. En effet, la femme développant son identité la construirait en fonction des attentes, des besoins et des paramètres masculins. Elle ne pourrait la développer en fonction de ses goûts et de ses désirs personnels car ces derniers n'auraient pas leur place dans la société où la femme serait définie comme étant ce que ne serait pas un homme.

À travers sa critique de la théorie de Freud sur la sexualité humaine, Irigaray, dans son livre Spéculum de l'autre femme, démontre comment la femme n'aurait droit à son existence qu'en fonction de balises masculines. Elle serait l'Autre, celle qui devrait satisfaire aux exigences de l'homme. Elle n'aurait de sexualité que celle répondant à celle de l'homme. Elle n'aurait de sexe qu'en comparaison avec celui de l'homme. Irigaray démontre bien comment la femme serait amenée à devenir l'ombre de l'homme, un miroir, un prolongement de lui-même, un double, une copie. Leclerc, sur la base de cette analyse affirme qu'une seule identité existerait, soit l'identité masculine: "Il n'y a pas d'identité féminine parce que c'est inutile, seulement une identité masculine mais jamais assurément donnée, toujours à conquérir." [Annie Leclerc, Hommes et femmes , Paris, Librairie générale française, 1986, p. 162.]

Cixous et Clément, partageant ce point de vue, ajoutent que la femme aurait toujours été tenue à distance d'elle-même et qu'elle ne se serait jamais habitée. L'assujettissement de la femme aux besoins de l'homme ne laisserait à celle-ci que le choix de s'oublier elle-même et d'entrer dans ce qu'appelle Irigaray, la mascarade de la féminité. Ne pouvant être elle et devant être l'inverse, le reste de l'homme, elle se conformerait à ce qu'on attend d'elle. Elle se modèlerait sur le désir de l'Autre pour exister: "La "castration accomplie" de la femme ne laisse à celle-ci que le simulacre, la mascarade (de) la féminité..." [Luce Irigaray, Spéculum de l'autre femme, Paris, Minuit, 1974, p. 55.]

Cette féminité qu'on exigerait qu'elle incarne la confinerait à un statut d'objet, à un rôle passif. C'est une féminité qui la ferait s'exhiber, se montrer telle une marchandise. Elle serait alors celle qu'on utiliserait, vendrait et échangerait. Être femme et féminine comme on exigerait qu'elle le soit demanderait à la femme, outre le détachement de soi, l'abnégation de soi, un contrôle d'elle-même de tous les instants, un ajustement perpétuel et une poursuite incessante d'une féminité inaccessible. Cixous et al. disent qu'on rend difficile à la femme de devenir une femme quand ce qu'on lui demanderait serait de devenir volaille: "Comme on nous rend difficile de devenir femme, quand c'est devenir volaille que ça signifie!" [Hélène Cixous, Catherine Clément, La venue à l'écriture, Paris, Union générale, 1977, p. 34.]

Afin de remédier à cette définition désincarnée de ce que serait et devrait être une femme, les tenantes du féminisme de la fémelléité apportent une nouvelle définition tirée de l'expérience personnelle même des femmes. En écrivant leur expérience, en parlant de leur vécu à travers leur sexualité et leur maternité, les auteures tenteraient de construire un nouveau modèle de la femme, du féminin, de la féminité et de la maternité. Des auteures telles Leclerc, Cixous et Irigaray ont commencé à apporter une nouvelle définition de la femme à partir de leur expérience mais ce long exercice n'en serait qu'à ses premiers balbutiements.

Le courant de pensée de la fémelléité semble avoir permis de défaire une conception de la femme, du féminin, de la féminité et de la sexualité féminine qui serait construite selon des paramètres masculins. Il aurait aussi contribué au développement d'une nouvelle conception de la femme qui serait basée sur l'expérience des femmes.